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Un « problème » ou une « difficulté » ?

Dernière mise à jour : 9 févr. 2023


Beaucoup de parents se posent des questions. Beaucoup d’autres refusent de s’en

poser. Mon enfant a des difficultés à l’école, manque de concentration, il perturbe le bon

déroulement des cours, il crie souvent, parle fort, donne l’impression de vouloir se faire

remarquer, de ne pas être à l’écoute, de ne pas avoir conscience des exigences de la

structure scolaire dans laquelle il évolue. Ses résultats sont faibles. Il ne semble pas investi,

pas concerné. Il est « rêveur » nous dit-on. A la maison, il n’écoute pas, ne range jamais sa

chambre, ne participe à aucune tâche ménagère.


On a beau lui demander de ranger son cartable lorsqu’il arrive de l’école, on le retrouvera immanquablement parterre au milieu du salon non loin de son manteau et de son bonnet. Il taquine ses frères et sœurs, ne les laisse jamais tranquilles. Lorsqu’une dispute éclate entre les enfants, il est toujours impliqué. Au supermarché, c'est insupportable. A l’écouter, il faudrait acheter la moitié du stock disponible. Les parents sont débordés par la situation. Ils ont tout essayé : la gentillesse, la menace, les cadeaux, la punition. Ils ont l’impression d’être un yoyo qui ne se maîtrise pas et qui passe constamment de la sévérité extrême à la bonté sans limite. Ils désirent donner de l’amour à leur enfant mais finissent toujours par s’emporter. L’ambiance à la maison est tendue.


On est loin du fameux « cocon familial ». On a plutôt l’impression de participer

constamment à un « bras de fer » avec nos propres enfants. On n’arrive plus à gérer ses

demandes. Lorsque Papa a dit « Non », il va demander à Maman qui a dit « Oui ». Cela crée des discordes au sein du couple. Chacun se renvoie la balle. Chacun ne sait pas comment gérer et a tendance à fuir. On craint déjà l’âge de l’adolescence et on se demande comment va-t-on faire si déjà maintenant on est dépassé.



A la lecture de cette description - volontairement exagérée – beaucoup de parents

retrouveront des situations auxquelles ils peuvent être confrontés. Certains même

prendront conscience en lisant ce texte que c’est effectivement ce qu’ils vivent au jour le

jour sans véritablement se rendre compte que c’est la source de cette tension intérieure et

de cette inquiétude latente indéfinie qu’ils ressentent.


Ce matin, les parents sont convoqués par la direction de l’école ou par un professeur

afin de discuter de la situation. On se demande si l’enfant n’a pas un « problème », s’il ne

Il ne faudrait pas faire intervenir des professionnels. Les parents sont sous le choc ! Ils

n’acceptent pas la situation, sont énervés. Comment osent-ils ? A l’intérieur, ils doutent

quand même. Ils essaient de gérer la micro panique latente. Ils se rassurent.


Est-ce un « problème » ou simplement une « difficulté » ? Quelle est la différence ? Si

La situation est perçue comme une « difficulté », on ressent un espoir de la surmonter. Mais

si c’était « un problème » que mon enfant a effectivement ?

En réalité, même si on a du mal à « écouter » et à accepter le discours de la psychologue, il fallait tout de même « l’entendre ». Hakadoch Baroukh Hou nous envoie des messages à travers nos enfants. C’est beaucoup à travers eux et au sein de notre foyer que Notre construction se réalise. Faire la sourde oreille, n’est pas une solution même si on n’a

pas été convoqué par la structure scolaire.


Alors quelle démarche adopter ?


Le problème est souvent qu’il nous manque des Kélim, des outils. L’expérience montre que certains ingrédients qui sont souvent d’une simplicité extrême peuvent résoudre la situation.

Très souvent, c’est un problème de structuration autour d’une discipline saine et équilibrée.


David HaMelekh dit « H’ichavti Dérakhaï Vahavhiva Raglaï el Edotekha ». En tant que Roi d’Israël, il se levait en pensant aller gérer les problèmes économiques, sociaux,

spirituels, les guerres, la pauvreté… et il se retrouvait assis au Beit Hamidrach devant sa

Guemara. Est-ce une louange pour David HaMelekh ? Aller étudier sans même y avoir

réfléchi auparavant. Se comporter comme un robot somme toute ! Pourtant on nous dit qu’il

ne faut-il pas faire « Mitsvat Anachim Méloumada » ? Il se cache ici un grand fondement de la construction de l’Homme d’abord et du Oved Hachem (Serviteur de D...) ensuite. Il existe en fait deux parties dans la Mitsva, celle technique et celle du cœur. David Hamelekh nous enseigne : ici que la La partie technique doit être faite comme un robot. Je ne dois pas me battre avec moi-même pour me lever le matin, pour ouvrir mon livre de prière, pour aller étudier ou pour aller travailler. Cela doit être pour moi une évidence. Quelque chose sur laquelle mon monde intérieur ne discute pas. Dans le cas contraire, toutes ses activités seront vécues comme une souffrance. Se lever à 7h du matin ou à 9h demande le même effort au moment du lever. La différence se trouve dans les 2h de guerre contre moi-même pour arriver à la décision de se lever. Deux heures qui m’épuisent, me pompe toute mon énergie que je n’ai déjà plus pour affronter cette nouvelle journée.


David Hamélékh veut nous enseigner que l’autodiscipline est un Kéli extraordinaire et absolument nécessaire pour tout simplement être un Ben Adam. Devenir Oved Hachem se joue dans la partie du cœur que l’on va mettre dans la Mitsva, avec quelle conscience d’Hachem je la réalise. C’est sur cette part de la Mitsvah que l’on nous interdit d’être un robot. Pas sur la partie technique.

Notre premier objectif en tant que parents est de faire de notre enfant un « Mench », un Ben Adam. Ce n’est que de cette façon qu’il pourra devenir un Ben Torah.

L’acquisition de la discipline est un des ingrédients centraux pour y arriver. Imaginez que

vous abandonniez une personne les yeux bandés en plein milieu d’une pièce se trouvant

dans une obscurité totale. Sa première réaction sera de chercher le mur. Imaginez qu’il

avance dans une direction et qu’il ne le trouve pas, il change de direction et ne le trouve

toujours pas. Il a beau marcher longtemps dans toutes les directions, il ne le trouve jamais.


Que se passera-t-il ? La personne panique et si la situation perdure, elle arrivera certainement à la démence.


Considérons maintenant la situation d’un enfant qui a des parents « Yoyo ». « Non »

peut vouloir dire « Oui » et inversement. L’enfant cherche cette limite salvatrice, rassurante,

stabilisante. Il ne la trouve pas. Il ne perçoit pas ses parents comme des gens stables.

Rajoutez à cela le doute qui s’installe en ce qui concerne l’amour parental qu’il ne ressent

pas comme absolu, inconditionnel à cause des débordements et de la tension au sein du

foyer. Il manque de recevoir cette chaleur sereine et réconfortante de la part de ses parents

qui ont du mal à être attentifs. L’enfant s’agite et son agitation extérieure n’est que le reflet

de son malaise intérieur.


Alors est-ce un « problème » ou une « difficulté » ?


Le point abordé ici concerne l’acquisition d’un des outils essentiels de la construction

de l’homme. Mais bien d’autres question peuvent se poser : La relation avec mon enfant

ressemble-t-elle plus à de l’éducation ou de la gestion du comportement ou pire encore, du

dressage ? Suis-je capable de lui faire ressentir tout l’amour que j’ai pour lui ? Comment

encourager ? Quand faut-il punir ? Est-il permis de gronder ? On me dit que l’exemple donné est l’essentiel du H’inoukh mais moi-même je suis en construction, comment puis-je être un exemple pour lui ? Autant de questions qui demandent des réponses précises. Etre parents dans le monde d’aujourd’hui qui déstabilise et repousse toute les limites, qui tente

d’éteindre notre sensibilité, demande un travail constant sur soi, beaucoup de recul et de

conscience.


Attention, il ne faut pas se méprendre sur le propos de cet article. Nous ne disons pas

Ici qu’une bonne gestion permet de résoudre tous les problèmes. Il existe de vrais

problèmes tels que les troubles de la concentration ou le retard du développement cognitif.

On a le devoir dans ces cas d’être clairvoyant et de prendre les mesures nécessaires afin

d’aider notre enfant au mieux. Refuser la situation c’est réduire les chances de notre enfant

de s’en sortir. Nous voulons ici simplement dire qu’il faut distinguer « problème » et

« difficulté ». Que les difficultés sont souvent générées par une mauvaise gestion de l’enfant.

Chaque situation est différente mais l’expérience montre que souvent une « difficulté »,

lorsqu’elle n’est pas gérée devient à la longue un « problème ».

Nous voulons aussi insister sur le fait que dans beaucoup de cas la solution est

relativement simple et facile. Qu’une prise de conscience de certaines situations et de

certaines notions ainsi que l’apprentissage de certains outils de communication parents-

enfants suffisent souvent à réduire, voire éliminer ces difficultés.

Rappelons enfin l’enseignement de Rav H’aim Vital qui nous dit que dans les

dernières générations, l’épreuve ultime qui décidera de notre statut de Oved Hachem ou

non, se déroule entre les quatre murs de notre foyer.


Joseph Fitoussi

Maitre de Conférence à l’ENSAM



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